Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples

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A propos des réfugié.es sauvé.es en Méditerranée

jeudi 10 novembre 2022

Extrait de la brochure du comité de Strasbourg du MRAP "Face aux afrophobes, comment agir"

Beaucoup d’ancêtres des Noir.es francophones d’aujourd’hui ont été mis en esclavage, colonisés, engagés dans les guerres menées par la France.
La loi dite Taubira en 1981 a reconnu la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité.
Au lieu d’accorder de réparations pour ces crimes, de reconnaitre aussi la colonisation comme un tel crime et d’agir pour plus de justice, les autorités françaises imposent aujourd’hui des conditions indignes aux réfugié.es francophones d’Afrique comme à beaucoup d’autres, alors que leurs périples se sont souvent déroulés de façon atroce et au péril de leur vie.

Ils sont séparés des leurs pendant des années voire des dizaines d’années ! L’Etat leur refuse un toit. Ils sont précarisés, humiliés, harcelés criminalisés. Leurs campements de fortune sont détruits par la Police. Ils sont obligés d’aller ailleurs, subissent des violences. Les procédures pour obtenir un droit de séjour sont draconiennes. L’accès aux préfectures est très difficile sans ou avec internet.

Accuser ces migrants d’être des « profiteurs » est indécent surtout de la part de personnes qui profitent sans avoir fait d’efforts particuliers d’héritages dans des familles bien installées.

Sont particulièrement visés les étrangers déclarés « en situation irrégulière », les « Mineurs Non Accompagnés » soupçonnés d’être majeurs pour ne pas reconnaître leurs droits qui relèvent de la protection de l’enfance, les demandeurs d’asile renvoyés au nom de la Convention de Dublin dans le pays où ils ont laissé la première fois leurs empreintes digitales, celles et ceux qui sont refusés parce qu’ils ne peuvent pas prouver qu’ils sont personnellement victimes de représailles politiques de la part des Etats d’où ils viennent, parce qu’ils sont traités de « réfugiés économiques », « climatiques », ne donnant pas droit à l’asile. Ils ont été qualifiés récemment de « méchants » par Gérald Darmanin. Pourtant ces jeunes font preuve de courage et de dynamisme utiles à la société.

Au lieu d’obtenir comme dans d’autres pays le droit de vote au moins pour les élections locales, les étrangers ne faisant pas partie de l’Union européenne. Résidant depuis plusieurs années en France, ils doivent subir, notamment avant chaque élection, des discours de haine de partis politiques disant vouloir en expulser davantage, faisant de la surenchère pour leurs manipulations de l’opinion.

Tous ces comportements sont blessants, font souffrir, créent un mal-être.
Ils bafouent la Convention de Genève sur le statut des réfugiés et le Pacte international aux droits civils et politiques.

Des personnes venues en aide à ces réfugiés, y compris pour leur donner à manger, les héberger gratuitement, ont été criminalisés. Il a fallu que la Cour de cassation rappelle le principe de fraternité pour que « le délit de solidarité » disparaisse en partie.

Presque tous les Etats de l’Union européenne entravent l’accès au territoire européen des étrangers considérés comme indésirables. Pour empêcher les réfugié.es d’Afrique sub-saharienne d’arriver directement en Europe, l’Union européenne paye la Libye, le Maroc. La France cherche à en trouver d’autres pour bloquer la frontière sud. En Libye des Nigérians sont réduits à l’état d’esclaves et vendus comme du bétail. Cela comme autrefois en Amérique mais aussi à l’époque de l’empire arabo-musulman qui, tout en ayant un rayonnement scientifique et technique important, n’en était pas moins esclavagiste. La négrophobie reste enracinée dans l’histoire de la Mauritanie, du Maroc, de l’Algérie, de la Libye et d’autres pays.

Les réfugiés ukrainiens, suite à l’invasion russe en 2022, ont été beaucoup mieux reçus que les Africains demandant l’asile politique. L’Etat les aide, par divers moyens, y compris en leur permettant de travailler très rapidement. C’est à saluer. Mais pour les réfugiés syriens, éthiopiens, afghans, yéménites subissant aussi des guerres et des dictatures il n’en est pas de même. Ces différences s’expliquent par des raisons géopolitiques mais le racisme y joue aussi un rôle. Les Ukrainiens ont pour beaucoup la peau claire, les cheveux blonds et les yeux bleus.
Lors de leur venue personne n’a parlé de « l’appel d’air » expression couramment employée pour les réfugiés d’Afrique ou du Moyen-Orient.

Ceux–ci sont aussi accusés d’être la cause d’un supposé « grand remplacement », voire d’un « péril noir », alors que l’immense majorité des réfugiés restent et resteront dans les pays du « Sud ».

Nous entendons aussi que « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Pourtant elle a su créer de la misère par l’esclavage, la colonisation. Et ’aujourd’hui elle continue d’en créer par des échanges économiques qui spolient les populations africaines au profit principalement de multinationales. Les dirigeants dictatoriaux en profitent aussi. La France les soutient quand ils maintiennent en place ce système.

Des luttes se mènent dans les entreprises par les salariés et dans la rue pour obtenir l’égalité des droits et la régularisation des Sans-papiers.

Nous demandons avec le « Collectif strasbourgeois pour une autre politique migratoire » le droit à la mobilité, droit d’aller et venir, de véritables politiques d’accueil et d’intégration avec des visas, des politiques de coopération pour la justice, le développement, la paix et non que « l’aide au développement » soit conditionnée à la mise en place de dispositifs de contrôle des "flux migratoires".

Les photos sont issues de l’émission d’Envoyé Spécial du 10 novembre 2022