https://www.lalsace.fr/actualite/2024/04/06/accueillir-l-autre-une-forme-d-honneur
F.M. - Aujourd’hui à 19:26 | mis à jour aujourd’hui à 19:27 - Temps de lecture : 2 min
« Ça va, Kingersheim ? », lance le Dr Georges Federmann qui choisit le langage de l’humour et des tripes pour aller droit au but. Entonnant un chant traditionnel en hébreu, mettant un « Judenhut », vieux chapeau juif sur sa tête et un keffieh palestinien autour du cou, il s’empare d’un ballon de basket, drible au centre de l’agora et fait des passes la balle aux participants… Le psychiatre strasbourgeois qui, depuis plusieurs décennies, reçoit dans son cabinet des patients exilés à jamais marqués par ce qu’ils ont vécu, est venu dire simplement, qu’accueillir l’altérité est « une forme d’honneur, plutôt qu’une menace. Où est le hic ? C’est notre rapport à l’histoire qui nous fait voir l’autre dans son altérité ».
En ce 6 avril qui marque le 40e anniversaire du génocide au Rwanda, il rappelle que les souffrances ne s’effacent jamais, qu’elles sont pour toujours gravées dans les mémoires et que personnes traumatisées doivent avant tout « pouvoir garder le silence, être écoutées ».
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Georges Federmann a invité Sehaslié à chanter avec lui. Photo F.M.
Sehaslié, jeune migrant et futur aide-soignant
Dans l’assemblée, un bénévole invite un jeune homme originaire du Burundi à apporter son témoignage. Sehaslié a perdu ses deux parents Tutsis. Il a été adopté par un couple mixte, hutu et tutsi, son père adoptif est mort, sa mère adoptive vit au Burundi avec deux de ses fils et deux autres demi-frères de Sehaslié sont actuellement en Allemagne. Arrivé à Mulhouse en 2022, hébergé d’abord à l’Hôtel du Kaligone pendant quatre mois, puis dans un foyer Aléos, Sehaslié a intégré en septembre une filière bac pro accompagnement soins et services à la personne. Un professeur lui a indiqué que le Diaconat proposait des formations d’aide-soignant. « J’y suis depuis le mois de janvier. » D’ici la fin de l’année, Sehaslié qui aura 18 ans en juillet prochain, validera son diplôme et viendra renforcer les équipes médicales qui souffrent d’un manque chronique de personnel. Un beau symbole pour cette journée dédiée à la santé et aux migrants.
« On chante ensemble quelque chose ? », lui propose Georges Federmann en lui tendant le texte de la chanson de Joe Dassin Les Champs Élysées, dont les paroles sont aussi une invitation à l’hospitalité. « Le chant nous unit. Je suis honoré de te connaître, tu es avec nous chez toi ! » Ils ont chanté ensemble, avant que toute la salle ne reprenne le refrain.
