L’activité fut organisée principalement par Julien Helary avec la participation active d’Antoine SPLET, élu municipal PCF de Schiltigheim*, « Nous voulons LA PAIX au Proche-Orient appel de Strasbourg », en partenariat avec le Secours Populaire Français et le comité de Strasbourg du MRAP.
*Conseiller délégué à la Vie associative et aux Centres socio-culturels, Conseiller à l’Eurométropole de Strasbourg
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Parmi les intervenants le journaliste gazaoui Mohammed Abed al-Bab, ayant travaillé pour l’AFP, Marianne Halevi, politologue spécialiste de la question palestinienne et un diplomate palestinien.
En préambule ont pris la parole :
Danielle Dambach, maire de Schiltigheim, a prononcé quelques mots d’accueil. Elle a insisté sur le fait qu’il fallait informer, dénoncer ce qui se passe actuellement à Gaza et en Cisjordanie et qu’il était important de soutenir la population par des paroles certes, mais également par des actes concrets. Elle a lancé un appel aux dons pour le Palestinian Medical Relief Society (PMRS) qui avait mis à disposition à l’entrée son rapport sur l’aide apportée dans la bande de Gaza en 2024.1 Nombre de ses cliniques ont été détruites, mais PMRS ne renonce pas et n’abandonne pas les Gazaouis !
Hülliya Turan adjointe à la maire de Strasbourg, conseillère de l’Eurométropole (PCF) et porte - parole de Nous voulons la PAIX au Proche-Orient appel de Strasbourg a insisté sur l’importance de la paix, paix dont il ne suffit pas de parler, mais pour laquelle il faut parfois se battre - sans armes ! - pour la faire advenir. Elle se félicite du jumelage de la ville de Strasbourg avec le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, Strasbourg étant la première grande ville en France à établir ce type de jumelage, en espérant que d’autres suivront. Elle a déploré la non-reconnaissance de l’Etat de Palestine par le chef de l’Etat Emmanuel Macron et tous les atermoiements qui ne font que retarder des négociations pouvant mener à une paix durable.
Alfred Zimmer du comité de Strasbourg du MRAP (voir le fichier ci-dessous). Il a parlé de notre révolte face à ce que les dirigeants israéliens font subir au peuple palestinien en Israël, en Cisjordanie, à Gaza …face à la complicité des dirigeants occidentaux. Il a mis en avant le site local du MRAP pour informer, pour mobiliser, rendre compte des activités menées et de nos exigences dans la situation actuelle.
Julien Helary, organisateur de la soirée et professeur d’histoire-géographie dans un collège de Schiltigheim a exprimé sa colère face à cette situation apocalyptique dans la bande de Gaza. Il entend l’angoisse de ses élèves, angoisse à laquelle il faut répondre en donnant quand même de l’espoir et en s’engageant dans des actions comme la rencontre de ce soir. Certes, cette soirée ne changera pas la face du monde, mais à minima, elle redonne de l’humanité et un visage à ceux dont on ne parle souvent qu’en nombre : nombre de blessés, de morts, de déplacés … Mais ces gens sont des êtres humains et non des animaux, comme certains tentent de faire accroire, ils ont une famille, une histoire et une Histoire, celle de la Palestine qui va être évoquée ce soir… Le projet sioniste vise à chasser les Palestiniens et à accaparer leur territoire.
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Le journaliste gazaoui Mohammed Abed al-Baba qui travaillait pour l’AFP à Gaza a évoqué sa propre histoire et a présenté de magnifiques photos de Gaza.
- Gaza « la Vivante » avant le 7 octobre 2023 : le port de Gaza, la mer envahie de baigneurs, les femmes pratiquant le yoga sur la plage, les cracheurs de feu, le vendeur de barbe à papa, la culture des fraises, les récoltes de blé - blé qui suffisait à nourrir la population de Gaza, la vannerie … un feu d’artifice de couleurs et d’odeurs que l’on peut imaginer sans peine.
- Et puis Gaza « la Ravagée » après le 7 octobre et les frappes israéliennes, photos projetées sans commentaire et dans un silence absolu, les titres évocateurs sont lourds de sens, parfois décalés « Pieds nus sur le silence » une rangée de pieds nus, sales, abimés, vulnérables le long d’un trottoir, pieds majoritairement d’enfants, « Prématuré » un très jeune enfant portant de lourds bidons d’eau, « Roulez jeunesse » une petite fille sur une trottinette au milieu des décombres, « Guerre et faim », « Quand le ciel ne fait plus rêver » … projection dont on ne peut ressortir indemne. Certaines images valent plus que tous les mots.
Pour Mohammed Abed al-Baba, journaliste de longue date, ce qui s’abat sur Gaza n’est pas une guerre, mais un génocide. Les journalistes étrangers sont maintenant totalement interdits, les autres peinent à travailler, ciblés par les forces israéliennes. Si les 3 premiers jours les forces israéliennes prévenaient des frappes (ce qui ne laissait pas forcément le temps aux populations de fuir) au bout de 3 jours il n’y a plus eu d’alerte. Les bombes ont ensuite directement frappé une population vulnérable et prise en otage.
Cette courte vidéo 2 ‘ 57 peut illustrer son travail :
https://www.middleeasteye.net/fr/videos/israel-palestine-gaza-guerre-rencontre-photographe-albaba-couverture-medias-art-occupation
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Marianne Halevi, politologue, spécialiste de la question palestinienne a expliqué les diverses discriminations que subissaient depuis longtemps les Palestiniens en Israël, dans les divers territoires occupés à Jérusalem Est, en Cisjordanie dans les zones A, B et C et ce qui se passe à Gaza. Il est impossible d’en rendre compte ici tant elles sont diverses.
En Israël, les hommes et les femmes sauf exceptions font leur service militaire durant 3 ans, et 2 ans et toutes et tous se retrouvent tous les ans durant un mois dans des unités de réserve jusque vers 39 ans. L’armée a une influence considérable sur les mentalités de celles et ceux qui y sont. La plupart des Palestiniens d’Israël n’effectuent pas de service militaire. Or sans avoir fait le service militaire, il est impossible de louer un appartement. D’après Amnesty International en Israël 93 % des terres ne sont pas accessibles aux Palestiniens…
Pour avoir une idée de ce qui se passe dans les colonies israéliennes, voici d’abord deux anecdotes :
- il y a partout de nombreuses caméras à reconnaissance faciale. Comme à Jérusalem Est il n’y a pas de parking, les conducteurs de voiture cherchent un endroit pour se garer. S’ils passent trois fois au même endroit, ils ont un PV automatiquement prélevé sur leur compte.
- A Hébron des soldats kidnappent des enfants qui vont à l’école, leur font dessiner le plan de leurs maisons. La nuit ils pénètrent de force dans la maison, vont directement dans la pièce du père, l’arrête et font un signe de remerciement à l’enfant !
L’exposé de Marianne Halevi a été très consistant. Il ne nous est pas possible de tout en retranscrire. Aussi à la fin de son exposé, quand quelqu’un a demandé où trouver ce qu’elle vient de dire, elle nous a signalé les documents de B’tselem. En voici un lien
https://conquer-and-divide.btselem.org/map-fr.html
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Le diplomate palestinien a rappelé la Nakba (grande catastrophe) de 1948 où au moment de la création d’Israël 800 000 Palestiniens ont été chassés de leurs terres, dépossédés, se sont réfugiés en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie. … En violation de de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies sur leur droit au retour, ils ne peuvent pas y retourner, être indemnisés car l’Etat d’Israël les en empêche. D’autres Nakbas ont suivi notamment après la guerre de 1967 qui a fait apparaître au grand jour devant le monde entier le projet colonial israélien. La première intifada (appelée également guerre des pierres), désigne la période de conflit entre les Palestiniens des territoires occupés et Israël. Elle s’étend du 9 décembre 1987 à la signature des accords d’Oslo en 1993. … ?? Cette date coïncide avec la chute de l’URSS qui a laissé les mains libres aux Etats Unis. Les accords d’Oslo ont été signés entre des dirigeants israéliens très forts et des Palestiniens en situation de faiblesse. Ils devaient être intérimaires. Les puissances occidentales n’ont pas reconnu l’Etat de Palestine alors que la solution à deux Etats pour régler la situation était à portée de main. Netanyahu est apparu et a vidé les accords d’Oslo de leur contenu. Depuis la solution à deux Etats est plongée dans le coma. La société israélienne a été poussée vers l’extrémisme. Un récent sondage du quotidien israélien Haaretz montre que 82 % de la population juive seraient pour le nettoyage ethnique. Tous les droits des Palestiniens sont violés. Il faut rappeler sans cesse les droits du peuple palestinien à l’autodétermination, le droit au retour avec indemnisations suite aux pertes subies, le droit à un Etat avec les frontières de 1967 et Jérusalem - Est comme capitale, les droits à l’éducation, à la santé, à la culture, y compris sous occupation.
A une question sur Marwan Barghouti qui pourrait mettre tout le monde d’accord à l’image de Nelson Mandela, il a répondu qu’Israël fait tout pour qu’aucune personnalité palestinienne n’émerge (ils sont assassinés, emprisonnés…). Marwan Barghouti est malade et ne pourra pas jouer le rôle que certains espéraient.
1 million de juifs israéliens, dont une partie ont une double nationalité, ont quitté Israël provisoirement ou définitivement.
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La projection d’une courte vidéo a permis d’admirer les danseurs de Dakbe.
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Pour terminer nous avons pu échanger de façon amicale avec les intervenants et les personnes présentes devant un beau et bon buffet offert par la municipalité.
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1 Le Secours Populaire Français qui collecte de l’argent pour les Palestiniens a pour partenaire le Palestinian Medical Relief Society (PMRS) qui a fait un rapport sur l’aide apportée dans la bande de Gaza en 2024. En voici quelques éléments :
- fin décembre 2024 les équipes avaient effectué au total 1 311 528 consultations médicales
- assuré la prise en charge des blessures et des maladies non contagieuses, rééducation et physiothérapie, soutien psychologique, soins concernent la santé reproductive et sexuelle, soins concernant la santé mentale …
- distributions de colis alimentaires, de colis d’hygiène ainsi que de boîtes de lait en poudre pour nourrissons
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive …
Compte rendu du comité du MRAP
