Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples

Accueil > Activités > Drôle de guerre ! Par Yves Perrin Toinin. Editorial de la revue (...)

Drôle de guerre ! Par Yves Perrin Toinin. Editorial de la revue trimestrielle MEDECINE ET GUERRE NUCLEAIRE de l’Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire. Juin 2020 - Spécial Covid 19

samedi 29 août 2020

Le porte-avions Charles de Gaulle est immobilisé à Toulon, 60% du personnel à bord étant touché par la covid19. Les images de la fronde de David face au géant Goliath nous traversent l’esprit. Ce virus, minuscule, invisible, met à l’arrêt une gigantesque machine de guerre et l’économie des principales puissances.

Depuis 3 mois, les médias nous abreuvent d’images guerrières. Le « nous sommes en guerre » se décline à l’infini. Les infirmières et les aides-soignantes sont « en première ligne » ; le soir, on applaudit nos « héros » (et curieusement très peu nos héroïnes). On réinvente des médailles pour ceux qui sont « au front » ; le médecin de quartier devient « fantassin ». Cette guerre, y étions-nous préparés ? Notre pays dépense chaque jour 14 millions d’euros pour les armes nucléaires : 9000 euros par minute ! Pour quel profit, dans cette lutte contre un virus ? Dans le même temps, la « rationalisation » bat son plein dans le domaine de la santé : 100 000 lits d’hôpitaux fermés en 20 ans ; l’extension des déserts médicaux ; les services d’urgence surchargés. Le service de santé des armées, lui-même, n’est pas épargné par les plans d’économie. Cette pénurie organisée a aggravé les inégalités. Les départements les plus pauvres sont aussi les moins dotés en structures médicales, et le virus n’a pas frappé de façon égalitaire. Selon que vous soyez puissant ou misérable, que vous viviez dans un appartement surpeuplé ou dans une résidence huppée, que vous preniez ou non des transports en commun surchargés, vos chances ne sont pas les mêmes. Est-ce un hasard, si le département qui a connu en mars l’augmentation la plus forte de son taux de mortalité soit la Seine Saint Denis ? Ce coronavirus aura mis en lumière une notion qui nous est familière à l’AMFPGN : contre les catastrophes sanitaires, la seule prescription qui vaille, c’est la prévention. Contre les épidémies, il nous faut étoffer notre médecine de prévention, santé au travail, médecine scolaire, protection maternelle et infantile, il faut des stocks de masques, des budgets décents pour la recherche une production de tests qui soit en capacité de faire face aux besoins. Cela ne peut passer que par un développement de la culture de santé publique, à la faculté de médecine comme dans l’ensemble de la population, et par plus de moyens pour le service public hospitalier. Cette pandémie n’est pas la dernière, et nous devons nous y préparer. Si une guerre nucléaire éclatait, elle serait sans doute la dernière, du fait des destructions irrémédiables qu’elle provoquerait et de la radioactivité résiduelle. Nous devons aussi nous y préparer, et le maître mot, là aussi est : prévention. L’intervention des peuples a permis, petit à petit, d’aboutir à des traités qui encadrent, limitent, interdisent. Fin avril devait se tenir à New York la réunion de révision du traité de non-prolifération. Celle-ci a été reportée, sans doute en janvier 2021. Cela nous laisse du temps pour mobiliser l’opinion :

  • la France doit ratifier le Traité d’interdiction des Armes Nucléaires (TIAN). Il ne manque que 15 signatures pour qu’il prenne force de loi.
  • Exigeons de notre gouvernement qu’il renonce à ce parapluie nucléaire tendu par E. Macron aux autres pays européens lors de son discours du 7 février dernier.
    Fut-il nucléaire, un parapluie ne nous protège de rien d’autre que de la pluie.

Publié avec l’aimable autorisation du Directeur de Publication, Dr Abraham BEHAR.
Adresse de l’AMFPGN : 5, rue Las Cases 75007 Paris
Site : https://www.amfpgn.org