Sur une page « Idées » du Monde, le 24 septembre 2025, le titre d’une analyse de Stéphane Foucart alerte sur « Le retour du racialisme biologique aux Etats-Unis et en France ». La rhétorique raciste est actuellement décomplexée aux Etats-Unis. En France, elle s’exprime de façon plus feutrée.
Ainsi le journaliste attire l’attention sur un document mis en ligne en février 2025 par le Conseil scientifique de l’éducation scientifique de l’Education nationale (CSEN) qui propose un « référentiel de compétences des enseignants français ».
Dans sa première partie, intitulée « Connaître la diversité des élèves et leurs besoins spécifiques », sont énoncés les causes des écarts d’aptitudes entre élèves dans l’ordre suivant : « facteurs génétiques, facteurs familiaux et sociaux, facteurs environnementaux, facteurs culturels et linguistiques, histoire de vie ».
Il y a lieu de s’interroger de la prise en considération, en première position, de déterminants génétiques dans les capacités d’apprentissage des élèves. Le Conseil scientifique instauré par le ministre Blanquer en 2018 ne compte aucun généticien. Une vingtaine de chercheurs, dont notamment André Langaney et Jacques Testart, se sont alarmés d’un « manquement à l’éthique scientifique » des signataires de ce référentiel.
Voici des extraits de leur tribune dans le Monde du 25 avril 2018 :
« Hormis les effets délétères de certaines anomalies génétiques, la recherche n’a pas pu à ce jour identifier chez l’humain de variantes génétiques ayant indubitablement pour effet de créer, via une chaîne de causalité strictement biologique, des différences cérébrales se traduisant par des différences cognitives ou comportementales ». L’affirmation du contraire relève, écrivaient-ils, d’un « manquement à l’éthique scientifique ». Ils ajoutaient : « On peut lire que l’intelligence est aux deux-tiers génétique, et que l’école doit utiliser au mieux ce tiers sur lequel elle peut jouer en focalisant ses efforts sur les « gamins pauvres ». Il est de même affirmé que la réussite scolaire est influencée par des facteurs génétiques à hauteur de 30 % à 50 %, à parts égales avec les facteurs familiaux et sociaux, et que les personnes les plus défavorisées socialement sont aussi les plus désavantagées génétiquement.
Outre qu’il existerait une mesure valide de l’intelligence, et qu’on aurait montré que les enfants de milieux socialement défavorisés naissent en moyenne avec un « désavantage génétique », on laisse croire que l’influence du bagage génétique serait invariable. Les caractéristiques des personnes seraient déterminées par l’addition d’une « part génétique » et d’une « part environnementale. [...]
Si une variante génétique favorise le développement d’une apparence physique culturellement stigmatisée, elle pourra avoir un effet négatif sur une mesure de la réussite sociale sans pourtant être en soi une prédisposition biologique à moins bien réussir. »
Le 20 mai, 350 chercheurs et enseignants se sont référés à cette tribune pour dénoncer une dérive scientiste (tribune lisible sur Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/200525/former-des-profs-ou-dresser-des-machines
Inquiétant serait un tri des élèves français en différents profils génétiques, en catégories biologiques, pourquoi pas en races ?
26/09/2025
Comité local de Limoges-Haute-Vienne du MRAP
