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Spécial fin de la guerre d’Algérie le 19 mars 1962 : visoconférence et témoignage de militants du MRAP

mercredi 17 mars 2021

Jeudi 18 mars 2021 de 18h30 à 20h par visioconférence}}

https://zoom.us/j/7585066971
Le 19 mars commémoration de la fin de la guerre d’Algérie 59 ans après les accords d’Évian.
Echanges sur la colonisation et la guerre d’Algérie
Les ouvertures et les limites du rapport Benjamin Stora
Les témoignages de Alban Liechti, Henri Pouillot et Bernard Deschamps

Henri POUILLOT est membre du bureau national de l’ARAC, militant de l’ACCA, auteur du livre « La Villa Susini »
Alban LIECHTI est membre fondateur de l’ACCA, auteur du livre « Le Refus »
Bernard DESCHAMPS ancien député, est auteur du livre Révolution l’Algérie...

Organisé par les comités du Mouvement de la Paix des Yvelines
de Achères Carrières Poissy et de Trappes

contact 06 63 00 84 61


Ci joint le verbatim de l’intervention de notre camarade André Genot, militant du comité du MRAP de Lunel-Petite Camargue, sur une radio locale partenaire de la ville voisine de Vauvert

André Génot
8ème rubrique Radio Système 93.7
Le 14 03 2021

Un coup de cœur pour le 19 mars.

Vendredi prochain 19 mars, nous commémorerons le 59 me anniversaire du cessez le feu de la guerre d’Algérie.
Cette date est peu connue des jeunes, mais pour les gens de ma génération qui ont vécu entre 1955 et 1962 une guerre qui ne disait pas son nom, le 19 mars est toujours un moment d’émotion.
Cette année il n’y aura pas de cérémonie publique pour les raisons sanitaires que l’on sait, mais il faut parler de cette guerre et de ce qu’elle a provoqué et de ce qui l’a précédé.
Et nous n’avons pas fini d’en parler à la suite de la parution du rapport de Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie et le colonialisme réalisé à la demande du président de la République.

C’est un devoir de mémoire indispensable.

Cette guerre d’Algérie a été très longtemps occultée par l ’État français qui l’a officiellement qualifiée pudiquement « d’ opération de police et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord. »
C’est sous ce terme que la carte du combattant sera octroyée par la loi du 9 décembre 1974.
Il faudra attendre le 18 octobre 1999 pour que l’expression GUERRE d’ALGERIE soit enfin officiellement reconnue en France.
Cette guerre aura duré 7 ans, 4 mois, 18 jours.
Environ 3 millions d’hommes ont été mobilisés en 7 années dont 500000 sur le terrain à certains moments.
Du côté français, 30 000 jeunes ont trouvé la mort durant cette sale guerre coloniale.
250 000 blessés ou malades et beaucoup sont revenus avec des traumatismes profonds.
Pour les jeunes que nous étions, c’est la vie coupée durant de longs mois avec un service militaire qui allait de 26 à 32 mois. Ce sont nos 20 ans passés dans les massifs des Aurès ou des Némenchas ou dans l’Algérois, l’Oranais, le Constantinois ou dans le Sahara.
Ce sont les opérations, les bouclages, les ratissages, les accrochages, les interrogatoires.
C’est la surveillance des frontières tunisiennes et marocaines avec la ligne Morice, un barrage électrique où passe du 3 000 volts pour empêcher les combattants du FLN de franchir la frontière.
Des hameaux rasés par l’artillerie et les bombardements systématiques de nombreux villages.
L’utilisation du napalm.

C’est l’angoisse des familles, des fiancées, des épouses.
C’est aussi le retour avec l’emploi pas toujours assuré.
En Algérie c’est la confrontation aux attentats dans les grandes villes.

Du côté du peuple algérien, le bilan est dramatique.

400 000 à 600 000 Algériens de tous âges victimes de ce long conflit.
Des suppliciés avec la torture pratiquée par l’armée française sous couvert de l’ignorance hypocrite du pouvoir.
Des familles et des tribus entières qui ont été déplacées dans des conditions épouvantables.
Un pays, une population profondément meurtris, dévastés.
D’immenses souffrances et de sacrifice pour conquérir l’indépendance.
L’écrivain Yasmina Khadra écira : « 132 ans de colonialisme, 132 ans de souffrance ».

La guerre d’Algérie c’est aussi les attentats et les crimes de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète pour l’Algérie française) qui obligeront des milliers de Pieds-Noirs à s’exiler entre 1960 et 1962.
C’est l’abandon des harkis et des supplétifs de l’armée avec les drames et les vengeances au lendemain du 19 mars 1962.

Le 19 mars doit nous conduire à dire la vérité sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
C’est dans cet esprit que le rapport de Benjamin Stora était attendu. Il est contesté par de nombreux historiens mais il a le mérite d’ouvrir le débat.
Il appelle la France à reconnaître son passé colonial avec les violences et les inégalités de ce système.
La France doit reconnaître les crimes de la conquête de l’Algérie commencée en 1830 et qui durera plus de 40 ans. Benjamin Stora évoque cette conquête avec les enfumages de villages entiers dans des grottes, les emprisonnements, la destitution des structures représentatives, le vol des terres, la famine, l’occupation de tout le territoire algérien et l’élimination de toutes racines d’une Nation algérienne en devenir. Le racisme et les discriminations comme principe.
Il est profondément indécent d’entendre encore en 2021 des opinions publiques et politiques alimentant la grandeur coloniale de la France.
Il faut désormais aller au fond des choses. Les historiens doivent pouvoir consulter toutes les archives et écrire ce qui fait partie de l’histoire de notre pays même si c’est douloureux. Même si le terme de crime contre l’humanité doit être reconnu concernant la colonisation et comme l’a dit le président Macron en 2017.
C’est indispensable pour l’apaisement des mémoires.
C’est nécessaire pour une coopération équitable entre la France et l’Algérie.

Voilà ce que comporte pour moi la commémoration du 19 mars 1962.
A la semaine prochaine.
Protégez-vous bien pour construire le monde d’après.