L’Humanisme alsacien des XVe et XVIe s. en question(s)
Au paragraphe 10 à propos des femmes :
Nos humanistes rhénans sont plus frileux. Rarement mariés, rêvant de servantes efficaces et muettes, leur permettant de vaquer à leurs occupations intellectuelles en toute quiétude. Surtout ne pas être dérangés ! A leurs yeux, la femme n’est pas encore l’égale des hommes. Pour Geiler de Kayserberg comme pour les autres, leur faiblesse et leur frivolité supposée ne sont-elles pas un terrain favorable aux agissements du Malin ?...
Au paragraphe 9 à propos des juifs :
« Le gros bataillon des humanistes rhénans – écrit Georges Bischoff dans son ouvrage « Pour en finir avec l’Histoire d’Alsace » – ne sont pas des bienfaiteurs de l’humanité mais des grammairiens, des poètes confits dans l’académisme, des professeurs, des érudits, des singes savants, des flics et des lèche-bottes. » Si la charge paraît rude, elle n’est pas imméritée. Stefan Zweig, qui vénérait pourtant Érasme, les traitait de Stubenidealisten en 1935. Difficile d’ignorer la misogynie d’un Geiler, l’anti-judaïsme féroce d’un Wimpfeling, le rigorisme moral de Brant, la charge de Beatus contre les prêtres qui avaient soutenu les paysans en révolte de 1525. Ne voulait-il pas les déporter sur une île déserte ? Seul Érasme s’en sortit par une pirouette que Voltaire n’eût pas dédaignée : « Mon caractère est tel que je pourrais aimer même un juif, pourvu qu’il soit agréable à vivre et amical et qu’en ma présence, il ne vomisse pas les blasphèmes contre le Christ. » Même un juif ! Tout est dans l’adverbe.
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