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L’Observatoire de la laïcité, « un rempart de la République dans de nombreux quartiers populaires »

samedi 10 avril 2021

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/31/l-observatoire-de-la-laicite-un-rempart-de-la-republique-dans-de-nombreux-quartiers-populaires_6075131_3232.html

Tribune- Collectif

Alors que le mandat des membres de l’Observatoire de la laïcité se termine le 2 avril, un collectif d’acteurs de terrain et d’intellectuels, dont Rose Ameziane, Malik Yettou et Jean Baubérot, appelle dans une tribune au « Monde » à « ne pas le supprimer ni le réorienter ».

Publié le 31 mars 2021 à 15h31 Temps de Lecture 3 min.

Tribune. Le soir de l’horrible assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, par un terroriste islamiste, le président de la République a remercié « celles et ceux qui tiennent la République ». L’équipe qui dirige aujourd’hui l’Observatoire de la laïcité en fait partie. Nous, acteurs de terrain, vigies de la République que nous pratiquons et encourageons au quotidien, souhaitons témoigner du travail fondamental de l’Observatoire de la laïcité.

Nous considérons essentiel de préserver cet organisme du débat politique polarisé que nous connaissons sur la laïcité. L’Observatoire accompagne, conseille et forme des dizaines de milliers d’acteurs (déjà 350 000) partout en France. C’est un travail délicat, difficile mais nécessaire. Il contribue à renforcer la cohésion sociale et nationale de notre pays en défendant et promouvant sans cesse le principe fondamental de laïcité et en rappelant rigoureusement le droit. Juste le droit, rien que le droit.

Nous n’avons pas besoin d’une « parole gouvernementale sur la laïcité », mais bien d’un conseil neutre et objectif, qui connaît notre travail et comprend nos attentes d’acteurs de terrain confrontés à des problématiques très concrètes.
Pas de remise en cause d’une instance impartiale

L’Observatoire de la laïcité, bien loin des réseaux sociaux sur lesquels l’emporte trop souvent le débat binaire, est aujourd’hui une commission perçue comme un rempart de la République dans de nombreux quartiers populaires.

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Beaucoup d’entre nous y vivons et pouvons constater la présence et l’utilité de l’Observatoire de la laïcité. Ses interventions, à travers plus de 1 200 déplacements de terrain dans les écoles et établissements scolaires, dans les associations de quartier, dans les services publics, dans les centres de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dans les missions locales, dans les centres sociaux, dans les prisons, dans les établissements médico-sociaux, dans les entreprises, dans les mouvements d’éducation populaire, etc. permettent quotidiennement d’apaiser une situation parfois sous tension.

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Ce que l’on espère du président, ce n’est pas la remise en cause d’une instance impartiale qui fait face dans l’adversité, mais bien au contraire de la renforcer tant ses moyens sont aujourd’hui limités. Selon le ministère des finances, cette commission, qui a aussi un rôle essentiel de conseil auprès du gouvernement, est celle ayant le meilleur ratio coût/activité : ses moyens ne dépassent pas 60 000 euros par an.
La laïcité, pas un outil politique au service de quelques-uns

Le mandat des personnalités qualifiées membres de l’Observatoire de la laïcité prend fin le 2 avril. A l’approche de cette échéance, nous demandons au président de la République Emmanuel Macron de ne pas supprimer ni réorienter cet organisme non partisan, dont la qualité est reconnue de tous les praticiens de la laïcité, quels que soient leur orientation politique et leurs secteurs d’activité.

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L’Observatoire de la laïcité sait allier fermeté et sérénité. Sa défense de l’équilibre de la loi de 1905 est précieuse. C’est cet équilibre que le président a toujours fermement défendu et qui permet de prévenir efficacement les extrémismes, sans raidissement ni stigmatisations inutiles.

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Nous refusons que la laïcité devienne un outil politique au service de quelques-uns, en particulier au sein des institutions de la République. Il est nécessaire que le président de la République préserve l’action efficace de ceux qui la pratiquent au service de l’intérêt général.

Les signataires de cette tribune sont : Rose Ameziane, présidente du Mouvement pour l’émancipation des territoires ; Mohamed Bajrafil, théologien, linguiste et essayiste ; Jean Bauberot, historien, et sociologue, fondateur de la sociologie de la laïcité ; Rachid Benzine, islamologue et essayiste ; Suzanne Chevrel, présidente des Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France ; Mémona Hintermann, journaliste et ex-membre du CSA ; Sandrine Joinet-Guillou, présidente de Profession banlieue ; Guillaume Jehannin, membre du CA de Trajectoire ressources ; Pierre Kahn, coprésident de l’association Enquête ; Nathalie Menard, présidente de l’AFEV ; Philippe Portier, coprésident de l’association Enquête ; Ilan Scialom, chercheur, militant associatif ; Jacques Vénuleth, président du MRAP Lunel ; Malik Yettou, vice-président du Mouvement pour l’émancipation des territoires.