Opinion | Haaretz Editorial
28 avril 2025
https://www.haaretz.com/opinion/editorial/2025-04-28/ty-article-opinion/israels-cruelty-toward-this-gaza-aid-worker-further-erodes-its-international-standing/00000196-78b9-de13-add7-7bfb41900000?utm_source=mailchimp&utm_medium=email&utm_content=tag-alert&utm_campaign=Gaza&utm_term=20250428-02:11
M. est une citoyenne d’un pays d’Europe occidentale qui vit en Israël depuis 17 ans et qui est mariée à un Israélien juif. Leurs trois enfants, âgés de 4, 6 et 8 ans, sont citoyens israéliens et juifs, après s’être convertis. M. est une diplomate chevronnée des Nations unies, bien connue au sein du ministère des affaires étrangères de son pays et dans les cercles diplomatiques israéliens.
Mais rien de tout cela ne l’a aidée à traiter avec les employés de l’Autorité de la population et de l’immigration lorsqu’elle est arrivée à l’aéroport Ben-Gourion jeudi. Ils lui ont refusé l’entrée, l’ont séparée de sa famille, l’ont interrogée durement, puis l’ont expulsée.
Sa tentative d’appel de cette décision a également été rapidement rejetée par un juge du tribunal de garde, Tsofnat Buzi Granevitz. Le juge a approuvé son expulsion pour des raisons de « maintien de la paix et de la sécurité publique ».
Le crime de M. est qu’elle travaille pour l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée de s’occuper des réfugiés palestiniens. Pour Israël, qui a subi une radicalisation et un lavage de cerveau, l’UNRWA équivaut au Hamas et le Hamas équivaut aux nazis. Par conséquent, toute mesure prise à l’encontre de l’UNRWA est considérée comme justifiée et il n’est pas nécessaire d’examiner les faits.
Mais dans l’univers extérieur à la conversation malade du courant dominant israélien, une réalité différente existe. Israël a porté de graves accusations contre l’UNRWA concernant l’implication de ses employés dans les événements du 7 octobre 2023, sa coopération avec le Hamas, l’incitation dans ses écoles et bien d’autres choses encore. Ces accusations ont fait l’objet d’une enquête de la part des Nations unies et des pays donateurs de l’Office, et la plupart ont été rejetées.
Sur les 13 000 employés de l’UNRWA dans la bande de Gaza, des preuves ont été trouvées contre seulement 12 d’entre eux. Israël a également transmis une autre liste contenant 108 noms, mais selon l’UNRWA, aucune preuve n’a été jointe à cette liste.
Les Nations unies ont également rejeté les accusations d’incitation, affirmant que l’agence utilise les manuels de l’Autorité palestinienne et que les écoles de l’UNRWA sont les seules, entre le Jourdain et la mer Méditerranée, à s’engager à enseigner la Déclaration universelle des droits de l’homme et à prôner une solution fondée sur la coexistence de deux États.
Entre-temps, la Knesset a adopté deux lois visant à fermer l’agence qui, pour des centaines de milliers de réfugiés palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, est le dernier filet de sécurité qui leur reste.
L’UNRWA fournit des soins de santé, une éducation, des services sociaux et une formation professionnelle à des personnes dont Israël n’a jamais jugé bon de s’occuper, bien qu’il ait contrôlé leur vie pendant 58 ans.
Ce traitement déplorable et cruel de M. et de sa famille est le résultat d’un gouvernement populiste qui cherche des ennemis inexistants pour excuser ses propres échecs. Tout comme le boycott des funérailles du pape, il s’agit d’une nouvelle étape sur la voie de l’effondrement complet de la position internationale d’Israël.
Israël doit présenter ses excuses à M., lui permettre de retrouver sa famille et reconsidérer ses relations avec l’ONU en particulier et la communauté internationale en général.
