Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples

Accueil > Activités > La France va-t-elle comme Les Pays-Bas prévoir un fonds d’actions sociales (...)

La France va-t-elle comme Les Pays-Bas prévoir un fonds d’actions sociales suite à l’esclavage qu’elle a pratiqué ?

lundi 13 mars 2023

Extrait de l’article en bas de page :
"Les Pays-Bas ont annoncé plusieurs événements et commémoration à partir de l’an prochain ainsi que la dotation d’un fonds de 200 millions d’euros à destination d’actions sociales. Pour Armand Zunder, président de la Commission nationale de réparation du Suriname, « nous pensons qu’à terme, il devrait y avoir un fonds qui se comptera en milliards »".

Et en France ?

Une déclaration du comité de Strasbourg du MRAP et d’Europe Cameroun Solidarité - Femmes du 3è Millénaire - Wietchip.

Certes, plus de 20 ans avant les Pays-Bas, la France a reconnu que l’esclavage était un crime contre l’humanité. Mais la loi dite « Taubira » du 21 mai 2001 fut un compromis : elle n’a prévu aucune réparation, même symbolique, vis-à-vis des descendant.es des esclaves qui ont été forcés à travailler gratuitement dans les plantations et lors du pillage des richesses dans les colonies françaises.

Ces Hommes mis en esclavage en très grand nombre ont enrichi de façon considérable les négriers, les maîtres d’esclaves, les Etats européens notamment le royaume de France puis la république française à partir de la période que des historiens appellent « les temps modernes » !

Les luttes pour l’indépendance dans les colonies se sont heurtées à des crimes considérables, notamment en Algérie, au Cameroun, à Madagascar.

Ce n’est pas très ancien comme certain.es le prétendent.

Aujourd’hui les Africains francophones sont parmi les plus mal reçus lorsqu’ils demandent l’asile en France. Cela, alors même qu’aux exilé.es et étranger ères non francophones présent.es sur le territoire, il est répété tous les jours sur tous les tons, tous les modes et tous les temps la nécessité de connaître et de maitriser la langue française.

Pendant ce temps des milliers de Français vivent ailleurs dans le monde, peuvent se déplacer sans problèmes en avion d’un pays à l’autre.

La politique migratoire de la France porte atteinte aux droits des ressortissants du continent.

Il est raisonnable de penser que ces comportements sont, sous une autre forme, la continuation du mépris, de la surexploitation, de la domination qui a frappé leurs ancêtres lors de l’esclavage et de la colonisation. C’est en quelque sorte la suite des comportements indignes vis-à-vis des populations perçues comme noires.
Les familles et amis restés en Afrique ont été indignés par la façon dont les autorités françaises, les policiers et les gendarmes à leurs ordres, se sont comportés notamment à l’Eglise Saint Bernard le 23 août 1996 où les portes de l’Eglise ont été brisées pour s’emparer des Sans Papiers en grève de la faim.

Ils voient aussi les comportements actuels des autorités vis-à-vis de ceux qui arrivent aujourd’hui en France au péril de leurs vies.

Il est également utile de rappeler que ce qui se passe est le résultat du choix d’une diplomatie de l’aveuglement qui prévaut dans le monde et de celui d’une politique migratoire intolérante qui a cours dans notre pays depuis des années.

« La remise de la dette »

« La remise de la dette » de ces pays est un des outils de désinformation souvent servi à l’opinion publique. Cela en oubliant de préciser que les coûts dits des d’infrastructures construites lors de la période coloniale entre autres ont été injustement inscrits en dettes dans les comptes des pays colonisés au moment des indépendances. En effet, au-delà du fait que ces infrastructures servaient et servent encore aujourd’hui pour certaines d’entre elles à transporter des richesses, des ressources naturelles, des objets d’art, des matières premières… pillés vers les ports de départ en métropole, la construction de ces infrastructures s’est faite à coups de travaux forcés voire à coups de bastonnade et d’esclavagisme qui étaient les us et coutumes mis œuvre pour faire travailler les peuples colonisés sur les chantiers. La remise de dette est une mystification de plus car, les ancêtres ont largement payé en chair et en os y compris celles et ceux d’aujourd’hui en pauvreté pour le pillage de toutes les richesses qui sortaient et continuent à sortir du continent sans être payées. Et maintenant leurs descendants ou les ressortissants de ces pays sont refoulés, délaissés et livrés à des tortionnaires exécutants.

Au lieu de reconnaître les crimes coloniaux, de rechercher les voies de l’apaisement, de penser à des réparations, d’accueillir dignement ces Africains francophones, nos dirigeants nient des réalités. Par contre ils sacralisent des faits de la seconde guerre mondiale.

La France cherche à renvoyer par des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) des ressortissants africains mais de nombreux Etats en Afrique les refusent.

Il y a plusieurs raisons à cela.

  • L’une d’elles est que la France qui avec d’autres continue de piller les matières premières du continent à vil prix, conditionnent des supposées « aides » à l’acceptation de la politique migratoire française et européenne.
  • Une autre est que les familles qui se sont sacrifiées pour envoyer l’un des leurs en Europe en espérant qu’il pourra un peu subvenir à leurs besoins, n’acceptent pas ces OQTF. Elles invitent leurs dirigeants à faire montre de dignité et à ne plus courber l’échine. Donc à ne plus accepter l’inacceptable ! Les populations et notamment les jeunes découvrent tout cela tôt ou tard. On ne peut pas leur faire avaler sans cesse des couleuvres, voire des boas !

Nos dirigeants politiques en France et les élus qui les suivent suscitent ainsi la méfiance, la défiance et la colère dans les pays concernés d’Afrique, y compris parmi les anciens les plus modérés. La France y perd sa crédibilité.

Il ne faut pas s’étonner que la francophonie dont le Président de la République parle de « reconquête » soit en baisse dans le monde et que l’idéologie ou la croyance en l’amélioration à titre personnel et autres tendent à s’étendre et que d’autres puissances étrangères en profitent économiquement et militairement notamment en Afrique, continent très riche en matières premières de toutes sortes.

Tant que ces crimes ne seront pas reconnus par les plus hautes instances de l’Etat, tant que ce ne sera pas expliqué massivement dans le pays et ailleurs, tant que toutes les conclusions n’en seront pas tirées, cela empoisonnera la vie, restera un boulet pour la France, qui ne pourra pas entretenir des relations normales avec les populations de ces pays et d’avancer vers un avenir sans haine.


L’article paru dans le journal Le Monde à propos des Pays Bas :
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/les-pays-bas-pr%C3%A9sentent-leurs-excuses-officielles-%C3%A0-titre-posthume-aux-esclaves-du-monde-entier/ar-AA15tQ5j?ocid=msedgntp&cvid=ec4889bf7bbc45c79bd75392478d8d9a#image=1