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Le Maire de Lauterbourg déclaré coupable d’avoir écrit des propos assimilant les Allemands aux nazis ! Le MRAP s’était porté partie civile

lundi 15 mars 2021

Le compte rendu de l’audience par les DNA :
https://c.dna.fr/faits-divers-justice/2021/03/15/le-maire-condamne-pour-un-post-pouvant-inciter-a-la-haine?utm_source=direct&utm_medium=newsletter&utm_campaign=editions-de-haguenau-et-wissembourg-l-essentiel-de-l-info&fbclid=IwAR2GAxscARYhQWiRyq0L0cRpkSztEmPJs4PRgP5YRjoil4bI9N0hNWrQjag

Le maire condamné pour un post pouvant inciter à la haine

Le maire de Lauterbourg a comparu lundi devant la sixième chambre correctionnelle pour provocation publique à la haine. Il avait publié un post sur son compte Facebook, entre le 25 et 26 avril 2020, dans lequel il avait fait un rapprochement entre les mesures de confinement en Allemagne et les nazis.
Par Céline LIENHARD - Hier à 18:09 | mis à jour à 18:15 - Temps de lecture : 3 min
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C’était à l’époque du premier confinement. Jean-Michel Fetsch, maire de Lauterbourg, s’était agacé via Facebook de la fermeture soudaine des frontières par l’Allemagne et du traitement réservé aux travailleurs transfrontaliers. Fin avril 2020, il s’était ainsi épanché en publiant un écrit dans lequel il faisait la comparaison entre les décisions gouvernementales prises outre-Rhin et les mesures des nazis contre les juifs, évoquant pêle-mêle « les fameuses étoiles jaunes », l’uniforme « feldgrau » (vert-de-gris)… Les propos avaient choqué des habitants, dont l’un avait transmis la copie de la conversation à des magistrats et à des associations antiracistes.
Une fermeture soudaine, des contrôles et des plaintes des administrés

À la barre, l’homme de 68 ans - édile depuis 1995 - explique la genèse de son post et de sa colère. « La frontière à Lauterbourg Ville était bloquée. Personne ne m’avait mis au courant. J’ai vu des policiers allemands contrôler chez nous les papiers des passants, ils étaient armés. Ensuite, des concitoyens m’ont téléphoné pour me dire qu’ils avaient été renvoyés de leur boulot, d’autres n’avaient plus le droit de manger à la cantine… Ils étaient traités comme des pestiférés. »

« Quel est le rapport entre la décision de séparer les gens à la cantine et le nazisme ? », l’interroge le président Philippe Schneider. « Ce n’est pas ce que je voulais faire. » « Pensez-vous que vos publications sont responsables en tant qu’élu ? », poursuit le président. « Je ne cherchais pas à discréditer qui que ce soit. Je n’en veux pas aux Allemands », certifie l’élu. Avant d’admettre : « J’ai peut-être été trop loin. »
« Une germanophobie latente »

Le procureur Alexandre Chevrier rappelle que « la liberté d’expression n’est pas la liberté de nuire à autrui, de dire n’importe quoi ». « Monsieur exprime une germanophobie latente à travers des termes péjoratifs et anachroniques. Il se permet des comparaisons outrancières, déplacées », analyse le magistrat. Et d’énumérer : « Il qualifie les Allemands de profiteurs », « ose comparer les Allemands à des nazis »…

Pour le représentant du parquet, « il ne s’agit pas d’un simple dérapage. Ses mots sont l’expression de sa rancœur… Un maire se doit de montrer le bon exemple, de respecter la loi républicaine », appuie le procureur avant de requérir deux mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende.
Des propos « déplacés, mais pas haineux »

En défense, Me Célia Hamm en convient : « Les propos sont maladroits, déplacés, mais pas haineux. Est-ce que faire référence au nazisme est une incitation à la haine ? Non. Monsieur Fetsch a simplement voulu critiquer une politique gouvernementale, pas les Allemands. » Mais au vu de son âge, « il ne maîtrise pas tous les codes des réseaux sociaux ».

Invité à prendre une dernière fois la parole, le prévenu avoue être « navré de la tournure des événements. Je suis franchement désolé si j’ai pu offenser l’un ou l’autre de mes concitoyens ».

Le tribunal l’a déclaré coupable des faits concernant ses propos assimilant les Allemands aux nazis. Jean-Michel Fetsch a été condamné à 2 500 euros d’amende. Il devra payer 500 euros à la Licra, SOS Racisme Alsace et au MRAP au titre du préjudice moral.