Les races humaines n’existent plus !
Présentation du livre l’humanité au pluriel de Bertrand Jordan, biologiste moléculaire (Ed. du Seuil-2008)
L’humanité est-elle séparée en races différentes ? Vérité scientifique au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe, cette affirmation a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières décennies, la biologie a nié la pertinence même de la question, au motif que tous les humains auraient en commun 99,9 % de leur patrimoine génétique. Mais les avancées toutes récentes de la génétique nuancent cette affirmation. L’étude fine du génome humain montre l’existence de différenciations héréditaires stables qui, au-delà des seules apparences (couleur de peau, chevelure, etc.) rendent possible de remonter aux origines géographiques lointaines des individus, ou peuvent parfois expliquer leur vulnérabilité à certaines maladies.
Certes, les groupes ainsi repérés ont des limites floues, leur diversité interne est élevée, et aucun classement hiérarchique global ne peut être justifié à partir de ces éléments. Les « races » au sens classique du terme, n’existent effectivement pas. Néanmoins la pluralité humaine, telle qu’on peut l’appréhender avec les techniques les plus modernes, est plus grande et plus subtile qu’on en voulait le croire…
p.145 de ce livre vous pouvez lire :
… migrations, conquêtes, mélanges de populations ont été notre lot quotidien. Le résultat est là, notre espèce, malgré son immense effectif, est l’une des plus homogènes qui soient parmi les mammifères. En même temps, si on la compare à une race canine sélectionnée ou à une variété végétale cultivée, on voit qu’elle a gardé une diversité non négligeable. Et c’est cette diversité qui a permis jusqu’ici à l’humanité de survivre à toutes les crises, au changement climatique brutal qui eut lieu il y a 15 000 ans avec la fin de la dernière grande glaciation, tout comme aux épidémies de peste ou de choléra : une population composite est toujours plus résiliente, il se trouve toujours parmi ses membres quelques individus adaptés aux nouvelles conditions ou résistants à l’agression que se produit…
Le 13 mai 2013 l’Assemblée Nationale a entériné l’abandon du mot race dans le code pénal. La Constitution de 1958, difficile à changer, l’a encore hélas conservé. Le racisme est toujours à combattre. La déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 affirme dans son article 1er « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Pour les mêmes raisons expliquées ci-dessus, il n’y a pas de Français « de souche ».
Voir notre document Se pencher sur l’histoire et nos mémoires collectives pour mieux combattre le racisme, la xénophobie, les discriminations et défendre l’égalité des droits.
Extraits choisis par Alfred Zimmer, Président du comité de Strasbourg du MRAP.