Une prévenue, Madame Y.Z. d’une trentaine d’années née à Strasbourg, sans emploi, déjà condamnée précédemment, comparaissait à l’audience du tribunal correctionnel le 22 septembre 2021.
Elle était accusée d’avoir le 25 octobre 2020 dans le TER reliant Bâle à Strasbourg dit publiquement à Madame O.A « Sale Chinoise, tu nous amènes le coronavirus » et de l’avoir de manière réitérée menacée à Strasbourg de violences en disant « Je te casse la gueule ».
Elle a été condamnée à un emprisonnement délictuel de 4 mois, assortie du sursis probatoire pendant 2 ans, ainsi qu’à une amende de 200 € et à d’autres obligations.
Aux parties civiles qui s’étaient constituées, elle a été condamnée à payer
1 000 € à Madame O.A. en réparation de préjudice moral
500 € à chacune des associations LICRA, SOS Racisme et MRAP au titre de dommages- intérêts en réparation du préjudice moral et à chacune 500 € au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale.
Maître Christine Mengus représentait le MRAP.
Quel est le contexte ?
Les paroles, menaces et violences contre des personnes perçues comme asiatiques ont explosé au début de la Covid-19 en France.
Elles révèlent des comportements xénophobes et racistes anciens et actualisés :
- La Chine au 19ème siècle avait été dépecée, morcelée, humiliée, était tombée sous la coupe des puissances occidentales (Angleterre, Russie, France, Allemagne) et du Japon.
- L’Indochine a été colonisée par la France qui s’y est accrochée jusqu’à la défaite en 1954 à Ðiện Biên Phủ.
Des cinéastes, des écrivains, des médias, relayés plus récemment via Internet, ont diffusé régulièrement des stéréotypes, voire la haine contre les Asiatiques.
Aujourd’hui des idéologues, en mal d’allume-feux, utilisent le fait que le premiers malades de Covid-19 ont été détectés en Chine. Ils utilisent aussi la réelle concurrence économique de pays asiatiques et la nostalgie d’un passé où « la France » avait un vaste empire colonial. L’immense majorité des asiatiques ainsi que les personnes qui en France sont perçues comme Chinoises en sont pourtant victimes.
Les personnes qui, comme Madame Y.Z, se laissent prendre par cette propagande xénophobe et raciste en paient parfois le prix devant les tribunaux, alors que les idéologues avec des propos suffisamment subtils y échappent.
