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Syrie : cris de colère et de vengeance après la mort d’une combattante kurde dont les images du corps mutilé suscitent l’indignation

dimanche 4 février 2018

Samedi 3 février 2018 à 21h01
Afrine (Syrie), 3 fév 2018 (AFP) — "Ils ont tous leurs sépultures, sauf ma fille", crie de rage la mère de Barin Kobané, une jeune combattante kurde tuée en Syrie dans des combats avec des rebelles pro-turcs et dont les images du corps mutilé suscitent l’indignation dans sa communauté.

Des milliers de Kurdes ont participé samedi à Afrine, dans le nord de la Syrie, aux funérailles de combattants et civils récemment tués dans l’offensive lancée en janvier par Ankara qui vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste".

Une vidéo aux images insoutenables, publiée cette semaine par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), montre le corps mutilé et à moitié nu d’une jeune femme étendue sur le sol, entourée d’une dizaine de rebelles pro-turcs.
Un combattant écrase de sa botte son sein gauche, alors que d’autres posent devant son cadavre marqué par des blessures et des traces de sang.
"Ils ont mutilé son corps, elle n’a même pas eu droit à un enterrement", lance la mère de Barin Kobané qui, comme d’autres membres de sa communauté, accuse les rebelles alliés à l’armée turque d’avoir porté atteinte à l’intégrité du cadavre de sa fille.
La dépouille de Barin Kobané, de son nom de guerre, se trouve toujours entre les mains des groupes rebelles.

’Elle a défendu sa terre’ -

Les yeux remplis de tristesse et de colère et la voie portante, le frère de la victime, Aref Moustafa Omar, promet vengeance au milieu de la foule venue soutenir la famille dans son deuil.
"Vous avez mutilé son corps et nous jurons au nom d’Allah que nous vengerons (...) cet acte abominable. Elle a défendu son honneur et sa dignité, elle a défendu sa terre", crie-t-il à pleins poumons, avant de s’effondrer sur le sol.

La diffusion vendredi de la vidéo, envoyée à l’OSDH par "un combattant des groupes rebelles syriens alliés des forces turques", selon le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane, avait provoqué la colère de la communauté kurde.

Les forces kurdes ont dénoncé une "barbarie sans égal", imputant l’acte aux "terroristes alliés de l’Etat turc ennemi".

De son côté, la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition en exil, a condamné "des actes criminels" et réclamé "l’ouverture d’une enquête immédiate" pour punir les responsables.

’Lutter pour la dignité’ -

Le frère de la victime, qui a vanté lors des funérailles le courage "héroïque" de sa soeur, a expliqué que lors des combats, cette dernière, sur le point d’être fait prisonnière, s’était donné la mort "en faisant exploser une grenade (...) pour éviter d’être prise en otage".

Nisrine Abdallah, porte-parole de la branche féminine des YPG à laquelle était rattachée la victime, a elle affirmé que "Barin et trois autres compagnes de combat ont refusé de reculer malgré les ordres données en ce sens et ont poursuivi le combat jusqu’au martyre", sans plus de précision.

De son vrai nom Amina Omar, la jeune femme de 23 ans avait rejoint les YPG il y a quatre ans et participé à différentes batailles contre le groupe Etat islamique (EI), notamment à Kobané et à Raqa (nord).
D’après sa famille, son engagement militaire a été notamment catalysé par les massacres dans la ville irakienne de Sinjar en août 2014 perpétrés par l’EI contre la communauté yazidie, dont de nombreuses femmes sont devenues esclaves sexuelles des jihadistes.
"Elle voulait, à travers son engagement (...), lutter en faveur de la dignité et du progrès de l’humanité et révéler au monde entier le sens de l’injustice et de l’oppression", selon son frère.