Yaani Blog
Hier, l’État d’Israël a connu ce que ses organisateurs et les médias ont qualifié de « grève générale pour mettre fin à la guerre ». En réalité, cette mobilisation ne visait pas « la fin de la guerre » au sens large, mais poursuivait un seul objectif : exiger la libération des captifs et protéger la vie des soldats. De plus, loin d’être une véritable grève générale, seules certaines entreprises, institutions et administrations ont permis à leurs employés d’y participer, souvent de manière ponctuelle et désorganisée.
La comparaison avec 2023 est frappante : lors de la contestation contre la réforme judiciaire, et après le limogeage de son ministre de la Défense Yoav Gallant, une véritable grève générale avait paralysé le pays, jusqu’à fermer, pendant quelques heures, le principal aéroport d’Israël. Résultat : Netanyahou avait reculé et Gallant était resté en poste.
Mais la description de l’action comme « grève générale » est loin d’être le seul abus des médias. Ceux-ci n’ont cessé de présenter cette mobilisation comme visant avant tout à mettre fin à la guerre, insinuant que le génocide à Gaza - qu’ils qualifient au mieux de simple « catastrophe humanitaire » - ferait partie des préoccupations des manifestants israéliens. Or, il suffit d’écouter leurs discours, de lire leurs pancartes ou d’entendre leurs slogans pour comprendre que leur unique préoccupation, ce sont les captifs et la vie des soldats.
L’équipe de Yaani a déjà montré à plusieurs reprises cette erreur - souvent délibérée - des médias français, qui ignorent sciemment le soutien quasi unanime au génocide commis par Israël à Gaza, y compris au sein de l’opposition à Netanyahou. Ils préfèrent répéter une lecture erronée : celle d’une société démocratique, morale, humaniste, libérale, opposée à un gouvernement autoritaire et corrompu.
Les sondages publiés par des institutions, organisations et médias israéliens révèlent pourtant la réalité :
- 76,5 % des Juifs israéliens considèrent qu’il ne faut pas prendre en compte la souffrance des Palestiniens dans « la planification de la poursuite des opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza » (Institut israélien de la démocratie, mai 2025).
- Alors que 59 % du public expriment leur soutien à l’initiative incluant notamment « la libération de l’ensemble des otages et l’instauration d’un gouvernement technocratique à Gaza sans implication du Hamas », 64,5 % de la société affirme ne pas être préoccupée par la situation humanitaire à Gaza (INSS, mai 2025).
- 64 % des Israéliens considèrent qu’« il n’y a pas d’innocents à Gaza », dont 67 % des électeurs du centre et 30 % des électeurs de gauche — c’est-à-dire ceux qui participent aux manifestations contre le gouvernement (Accord, juin 2025).
- Enfin, selon différents sondages, entre 69 % et 82 % des Israéliens sont favorables à l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza (Chaîne 12, Haaretz, 2025).
Il est important de préciser que, tandis que de nombreux sondages distinguent l’opinion des Juifs israéliens de celle des Palestiniens citoyens de l’État, ces trois derniers sondages ne font pas cette distinction. On peut donc considérer que les chiffres sont en réalité encore plus dramatiques, les opinions étant alors “mélangées”.
Ce que les médias français refusent de montrer, c’est la réalité nue : une société israélienne où le soutien massif au génocide contre les Palestiniens de Gaza traverse gouvernement et opposition, droite et gauche, « libéraux » et « extrémistes ». Une société qui, dans sa grande majorité, ne voit ni victimes innocentes ni catastrophe, et n’appelle à la fin de la guerre que comme prix à payer pour sauver les otages et les soldats. Continuer à travestir cette réalité en récit d’une démocratie assiégée et morale, c’est participer à l’occultation du génocide en cours.
