Compte rendu avec photos et vidéos de la réunion du 14 juin 2023 "Comment combattre les idées d’extrême droite ?"Une quarantaine de personnes étaient présentes, ce qui était peu ; mais plusieurs personnes ont dit que c’était important d’organiser des réunions sur ce thème.
Une vue partielle de la salle
Au début il y a eu de brèves interventions des représentants des organisateurs :
- Au nom du Collectif Justice et Liberté, Ali Rastegar a rappelé les origines du Front National qui s’est nommé Rassemblement National en 2018. Les partis de droite avaient veillé à isoler le FN (Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen avant le 2ème tour des élections présidentielles de 2002)
Avec la tentative de Nicolas Sarkozy de se faire réélire en 2012, commencent les compromissions au niveau le plus élevé. Les partis de droite reprennent aujourd’hui ouvertement certaines thématiques du Front National.
Après la victoire d’Emmanuel Macron en 2022 grâce à des voix de gauches au 2ème tour, celui-ci, entre les deux tours des élections législatives, a appelé à sanctionner "les extrêmes", l’extrême droite" et la NUPES qu’il considère être "l’extrême gauche." Ces critiques se sont traduites par l’élection de 89 députés du Rassemblement National, alors que les sondages donnaient la NUPES devant le RN. - Par ordre alphabétique les représentant.es d’ATTAC Vosges du Nord (Frédéric Henry), du Collectif Judéo-Arabe pour la Palestine (Perrine Olff), du comité local du MRAP (Alfred Zimmer), du PCF (Hüllya Turan), du Parti de Gauche (Jean-Claude Val), du Théâtre du Potimarron (Jacqueline Martin) devaient ensuite expliquer en 6 min leurs activités au quotidien contre les idées d’extrême droite.
Ci-dessous un reportage du collectif Justice et Liberté avec des photos et des vidéos où vous pouvez revoir ou voir ce qui a été dit par les intervenants
Voici quelques réflexions et questions soulevées lors du débat :
• Le mouvement social comme celui contre la réforme des retraites ne fait pas en soi reculer l’audience du Rassemblement National.
• Le taux de participation aux élections n’a pas dans tous les cas eu une influence sur leurs résultats. En Turquie le taux a été très fort : certes le dictateur Erdogan a dû affronter un candidat au 2ème tour mais il a fini par gagner à la fois l’élection présidentielle et les législatives. En France agir pour inciter les électeurs à aller voter n’est pas suffisant pour donner la victoire aux forces de gauche. La lutte ne se situe pas seulement dans les urnes.
• 90 % des médias diffusent à forte dose les idées d’extrême droite. Aussi faut-il soutenir la presse progressiste, même si parfois nous n’apprécions pas certains articles. Ont été cités L’Humanité, Mediapart...
• Il faut lutter contre les idées d’extrême droite. Mais faut-il lutter aussi contre les groupes d’extrême droite qui s’organisent et recourent à la violence. Faut-il assurer à chaque fois une protection des activités antifascistes, voire créer des milices s’opposant à leur présence dans la rue ? La violence de gauche n’est pas de même nature que celle de l’extrême droite, dit un participant. Il cite d’un côté des poubelles et des panneaux publicitaires brûlés ou des façades de banques taguées et de l’autre des agressions physiques.
• Interpeller davantage les « Eglises » quelle que soit leur confession (chrétienne, musulmane, israélite- juive ?…) ? Quelqu’un a dit que le pape actuel a toujours dénoncé l’extrême droite mais que l’Eglise catholique doit se donner les moyens de répercuter ces paroles parmi l’ensemble des catholiques, en particulier celles pour un accueil digne des migrants qui ne quittent jamais définitivement leur pays par plaisir.
• Un ami Algérien a dit que la lutte contre le racisme doit se mener en prenant en compte le contexte international, la nécessité de la solidarité. Il dit que depuis 4 ans a lieu un grand mouvement en Algérie contre la dictature militaire mais qu’il est très peu soutenu par la population et les organisations françaises. Ce qui tend à impulser dans les pays étrangers un mouvement progressiste est peu soutenu par le reste du monde, l’échec de ces tentatives ne peut qu’accroître un sentiment d’abandon et contribuer à une augmentation de l’immigration.
• Comment les partis de gauche peuvent-ils regagner les voix qu’ils ont perdues ? La représentante de la Fédération du Bas-Rhin du PCF dit que regagner la confiance des électeurs prendra beaucoup de temps, que les mouvements sociaux sont propices à une politisation des personnes présentes. Elle est d’accord pour de larges rassemblements politiques. Le représentant du Parti de Gauche dit qu’il faut s’allier sur un programme au moins minimum comme la NUPES a réussi à le faire avant l’élection présidentielle. Mais dans un univers consumériste le militantisme ne fait plus recette pour permettre d’être présent partout. Il appelle en particulier la jeunesse à rejoindre les syndicats, les associations, les partis politiques de gauche.
• Un effort particulier doit être fait vis-à-vis des jeunes. Au sein de la jeunesse existe un courant qui se mobilise contre le réchauffement climatique, pour l’écologie. Il dénonce les agressions commises par des policiers et les instructions du Ministère de l’Intérieur pour le maintien de l’ordre. A Strasbourg des jeunes antifascistes se mobilisent et c’est une bonne chose explique l’un des intervenants. Malgré la faiblesse de l’information utilisée, la présence de 150 antifascistes tout récemment à Strasbourg, devant un lieu de réunion de personnes qui suivent les discours d’Éric Zemmour, a été apprécié des passants et des automobilistes malgré le bouchon qui en a résulté.
• Un ami Afghan dit que ce qui est commun aux extrêmes droites dans le monde c’est la haine vis-à-vis des populations. En Afghanistan les talibans sont haineux, vis-à-vis des femmes et de tous ceux qui s’occupent de culture. Il raconte qu’en allant boire un verre à la terrasse d’un café, il a discuté avec des personnes autour de lui et leur a dit qu’il allait à une réunion-débat contre les idées d’extrême droite et que cela a ouvert un autre type de conversation. C’est aussi cela agir au quotidien contre l’extrême droite.
Les récents documents du comité de Strasbourg du MRAP ont connu un franc succès par leur diffusion aux participant.es. Vous pouvez les retrouver sur notre site :
- Réponse à celles et à ceux qui disent que le RN n’a jamais été au pouvoir et qu’il faudrait peut-être l’essayer Un document de 6 pages du comité de Strasbourg du MRAP (13 juin 2023)
Réponse à celles et à ceux qui disent que le RN n’a jamais été au pouvoir et qu’il faudrait peut-être l’essayer - Le Rassemblement national et la fiscalité (13 juin 2023)
Un texte de 5 pages très factuel du comité de Strasbourg du MRAP daté du 13 juin 2023
Le Rassemblement National et la fiscalité - L’imposture du Rassemblement National face à la réforme des retraites analysée par le comité de Strasbourg du MRAP (4 juin 2023)}
L’imposture du Rassemblement National face à la réforme des retraites analysée par le comité de Strasbourg du MRAP
